« VIDER / l’étang pour avoir les poissons / furieuse / passion du tangible / LES MOTS / luisaient / surgis / effervescents / ils sont les abrégés / de notre temps »
Cheville entortillant le jour, les herbes d’oubli sont les ronces qui nous rappelleront nos mollets enchevêtrés dans l’impasse du temps. Aimer l’enfance du jour comme une mère aimante son enfant. Adorer le midi du jour comme le soleil la lune sa sœur. Célébrer comme un parent cher le crépuscule. Aimer la terre comme son prochain. Lutter contre les heures lourdes, ne pas s’enfoncer dans un état compact, épais et douloureux, ne pas perdre la notion du temps qui court et qui est perdu à jamais si l’on n’en saisit pas l’essence heureuse, garder le goût d’amour simple et flamboyant essentiel au cœur, aimer sans blesser, avoir la force de repousser les murs de doute pour avancer, se protéger l’un l’autre, faire disparaître les lambeaux de brouillard accrochés aux branches de l’amour, chasser la nuit glaciale pour le jour lumineux et doux, d’un souffle calmer les nœuds d’angoisse qui rendent l’autre vulnérable et friable peu à peu, desserrer la pression inutile qui blanchit le cœur et finit par l’étouffer, juste dans un regard savoir lire l’amour infini, décrypter les silences, être en alerte et protéger, sauvegarder l’oxygène de la confiance, garder allumée cette lumière si intense que nous partageons, s’aimer en douceur et en respect.
Au numéro 80 de la rue des Vignoles, 20e arrondissement de Paris, étaient installés dans les années 1900-1930 les fabricants de jouets Georges Renault et Bon-Dufour. Parmi les jouets « en tous genres » qui furent produits par ce fabricant figurent des raretés, comme cette « Pêche aux poissons » qui, pour ce qu’il en reste, est composée d’une nasse en fils métalliques (la anse est manquante), d’une barque en bois peint (rose et bleu) et d’un poisson réalisé au moyen d’une matière composite : un mélange de bois pressé saturé de colle et de farine – et certainement pas du papier mâché, ni du carton bouilli. L’objet est également peint ; scellé dans sa bouche est un petit crochet métallique qui permet de le suspendre à un bas de ligne.
L’installation est vraiment intéressante : le mouvement de la main sur le podium est lent et gracieux et la fusion des champs chromatiques entre la carte informatique et le feuillage mouvant est des plus délicate. Accompagnant le roucoulement d’un ramier, ce mouvement confère-t-il une dimension onirique à la sonorisation bocagère ? Ma main abondant assez précisément à cette réflexion, c’est peu surprise que je l’aie pu constater frémir en se portant à mon collier de perles – objet clôturé (et lieu de protection) entre ma tête et mon corps, dûment rythmé afin de séparer ou de lier le jour et la nuit d’une ouverture –, pour ensuite redescendre à la naissance de ma gorge afin de la recouvrir dans un geste de pudeur et d’émotion. Alors, faut-il encore avouer ici que je verrais tout à fait cette vidéo projetée dans une galerie, une foire ou un marché de l’art, voire un musée, à côté de l’œuvre présentée ? La perception de cette forme est en effet très sensible. Un véritable dialogue est en œuvre entre le jais, le composant informatique et le « socle » de plexiglas contenant le jouet.
Toile 65% polyester et 35 % coton de 350 gr/m², plateau tournant (tilleul massif), papier noir Clairefontaine à grain fin 50 x 65 cm 160 g/m², pavé droit de plexiglas (acrylic photo cube), jeu de pêche Bon-Dufour, jais, fragment d’un bogue épineux de marronnier d’Inde, composant informatique (L. l. H.) en cm : 38 x 38 x 33,4 ; 1,615 kg ; vidéo de 1′ 33 » (son : cours d’eau et oiseaux).
Un objet de 400 mm de diamètre sera posé au centre d’une toile satinée, avec une maille fine, au relief prononcé, qui comporte en son centre une réserve (idéalement évidée) : un cercle blanc de 400 mm de diamètre. La périphérie de la toile sera découpée en un grand cercle de 600 mm de rayon. Posé à plat sur un support, la toile est en effet une base imprimée. À 410 mm du centre et au-delà vers la périphérie, l’impression (encres latex sans solvant) comportera les notations consécutives suivantes : un premier cercle sera dédié à la dimension textuelle (huit citations orientées selon une rose des vents) ; un second cercle sera réservé à la composition notée (une portée en anneau, autour des citations précédentes) ; un troisième cercle sera consacré aux points cardinaux et à leurs quatre orientations intermédiaires ; enfin, un quatrième et dernier cercle, indiquant le sujet, comportera deux titres et un sous-titre. À l’exception des cinq lignes de la portée, aucun des cercles n’est matérialisé par du trait. La portée disposée en anneau comporte le contenu d’une vidéo. Le contenu sélectif (visuel et sonore) de cette vidéo est noté au moyen de cinq glyphes choisis parmi les caractères spéciaux de l’une ou l’autre des polices utilisées. (La portée et les textes sont en noir.) L’un des signes est imprimé en noir, les quatre autres en couleur (jaune, vert, rose, rouge).
« Il filma le rat mort.
Quelque chose avait emporté sa tête.
Deux fils électriques émergeaient de la plaie, un rouge et un vert. Du ventre ouvert du rat, parmi les organes, quelque chose comme un circuit imprimé, de la taille d’un ongle. »
À propos de nutrition
Cheville entortillant le jour, les herbes d’oubli sont les ronces qui nous rappelleront nos mollets enchevêtrés dans l’impasse du temps. Aimer l’enfance du jour comme une mère aimante son enfant. Adorer le midi du jour comme le soleil la lune sa sœur. Célébrer comme un parent cher le crépuscule. Aimer la terre comme son prochain. Lutter contre les heures lourdes, ne pas s’enfoncer dans un état compact, épais et douloureux, ne pas perdre la notion du temps qui court et qui est perdu à jamais si l’on n’en saisit pas l’essence heureuse, garder le goût d’amour simple et flamboyant essentiel au cœur, aimer sans blesser, avoir la force de repousser les murs de doute pour avancer, se protéger l’un l’autre, faire disparaître les lambeaux de brouillard accrochés aux branches de l’amour, chasser la nuit glaciale pour le jour lumineux et doux, d’un souffle calmer les nœuds d’angoisse qui rendent l’autre vulnérable et friable peu à peu, desserrer la pression inutile qui blanchit le cœur et finit par l’étouffer, juste dans un regard savoir lire l’amour infini, décrypter les silences, être en alerte et protéger, sauvegarder l’oxygène de la confiance, garder allumée cette lumière si intense que nous partageons, s’aimer en douceur et en respect.
« Jouets en tous Genres – pâte incassable »
Au numéro 80 de la rue des Vignoles, 20e arrondissement de Paris, étaient installés dans les années 1900-1930 les fabricants de jouets Georges Renault et Bon-Dufour. Parmi les jouets « en tous genres » qui furent produits par ce fabricant figurent des raretés, comme cette « Pêche aux poissons » qui, pour ce qu’il en reste, est composée d’une nasse en fils métalliques (la anse est manquante), d’une barque en bois peint (rose et bleu) et d’un poisson réalisé au moyen d’une matière composite : un mélange de bois pressé saturé de colle et de farine – et certainement pas du papier mâché, ni du carton bouilli. L’objet est également peint ; scellé dans sa bouche est un petit crochet métallique qui permet de le suspendre à un bas de ligne.
D’une dialectique en touchant
L’installation est vraiment intéressante : le mouvement de la main sur le podium est lent et gracieux et la fusion des champs chromatiques entre la carte informatique et le feuillage mouvant est des plus délicate. Accompagnant le roucoulement d’un ramier, ce mouvement confère-t-il une dimension onirique à la sonorisation bocagère ? Ma main abondant assez précisément à cette réflexion, c’est peu surprise que je l’aie pu constater frémir en se portant à mon collier de perles – objet clôturé (et lieu de protection) entre ma tête et mon corps, dûment rythmé afin de séparer ou de lier le jour et la nuit d’une ouverture –, pour ensuite redescendre à la naissance de ma gorge afin de la recouvrir dans un geste de pudeur et d’émotion. Alors, faut-il encore avouer ici que je verrais tout à fait cette vidéo projetée dans une galerie, une foire ou un marché de l’art, voire un musée, à côté de l’œuvre présentée ? La perception de cette forme est en effet très sensible. Un véritable dialogue est en œuvre entre le jais, le composant informatique et le « socle » de plexiglas contenant le jouet.
De la Fo2 – Nutrition
Toile 65% polyester et 35 % coton de 350 gr/m², plateau tournant (tilleul massif), papier noir Clairefontaine à grain fin 50 x 65 cm 160 g/m², pavé droit de plexiglas (acrylic photo cube), jeu de pêche Bon-Dufour, jais, fragment d’un bogue épineux de marronnier d’Inde, composant informatique (L. l. H.) en cm : 38 x 38 x 33,4 ; 1,615 kg ; vidéo de 1′ 33 » (son : cours d’eau et oiseaux).
Rose des citations
Un objet de 400 mm de diamètre sera posé au centre d’une toile satinée, avec une maille fine, au relief prononcé, qui comporte en son centre une réserve (idéalement évidée) : un cercle blanc de 400 mm de diamètre. La périphérie de la toile sera découpée en un grand cercle de 600 mm de rayon. Posé à plat sur un support, la toile est en effet une base imprimée. À 410 mm du centre et au-delà vers la périphérie, l’impression (encres latex sans solvant) comportera les notations consécutives suivantes : un premier cercle sera dédié à la dimension textuelle (huit citations orientées selon une rose des vents) ; un second cercle sera réservé à la composition notée (une portée en anneau, autour des citations précédentes) ; un troisième cercle sera consacré aux points cardinaux et à leurs quatre orientations intermédiaires ; enfin, un quatrième et dernier cercle, indiquant le sujet, comportera deux titres et un sous-titre. À l’exception des cinq lignes de la portée, aucun des cercles n’est matérialisé par du trait. La portée disposée en anneau comporte le contenu d’une vidéo. Le contenu sélectif (visuel et sonore) de cette vidéo est noté au moyen de cinq glyphes choisis parmi les caractères spéciaux de l’une ou l’autre des polices utilisées. (La portée et les textes sont en noir.) L’un des signes est imprimé en noir, les quatre autres en couleur (jaune, vert, rose, rouge).
Dé-π
« Il filma le rat mort.
Quelque chose avait emporté sa tête.
Deux fils électriques émergeaient de la plaie, un rouge et un vert. Du ventre ouvert du rat, parmi les organes, quelque chose comme un circuit imprimé, de la taille d’un ongle. »
Christophe Siébert, Paranoïa.
À la fontaine
« La terre qui se cherche
Dans son épaisseur
Par la soudaine montée
Du vert jusqu’au rouge.
*
Ainsi ton eau
Est le frisson des herbes,
L’éclatement des fruits du genêt,
La coulée vers la mer, »
Guillevic, À la fontaine.