5 réflexions au sujet de « Forme 5Pioneer 10 »

  1. We break down the barriers that keep knowledge locked away to realize the full potential of the internet.
    Join the movement for a more open world today.

     

    1. Pioneer 2

      Inès l’astre joufflu   de la nuit   allait altéré
      longuement il contempla
      les cercles estompés que laissait
              un va-et-vient vertical
              entre la surface et la vase

      — Ne voyez-vous pas, osa-t-il leur dire, que
      l’anecdote est une chair
      de têtard d’où   percent   les premières pattes

      Anonyme, XVIIe siècle.

  2.   Du yin-yang au big-bang

      « elle me sortait d’un monde où je n’avais pas vécu pour me lancer dans un monde où je ne vivais pas encore »
                            Violette Leduc, Thérèse et Isabelle.

      J’apprenais ce dernier dimanche que la théorie de la relativité était à l’époque, avant et après son dégagement et sa démonstration par Albert Einstein, sans retombées technologiques, et donc d’aucune application pratique.
    Donc un chercheur se consacrait à comprendre, expliquer une réalité et ses propriétés pour la recherche fondamentale. (Je me permets d’extrapoler en suggérant que c’est un peu comme pour un artiste, mais dans le monde de la connaissance, que se joue l’avancée, la percée possible, qui n’est pas recherchée, et jamais préméditée : le discours de Giacometti sur son art est puissant de ce point de vue. Bien qu’il cherchait, jamais il n’était satisfait de la forme advenue. La « trouvée » lui permettait une remise en œuvre, une sorte d’arête aux doigts de l’alpiniste, une prise au milieu — ou à l’écart — d’un instant suspendu, celui d’une enquête… Était-ce un mythe, une partie de l’œuvre elle-même ? En effet le quid est ce battement incessant, jamais arrêté, une avancée dont chacun des pas reposerait sur la fragile balance d’un déséquilibre : au-delà, tout basculerait, et, en effet, lorsque cela au-delà advient, bascule un nouvel horizon, un enjeu neuf — vieux comme le nomadisme.) André du Bouchet a exploré ces lieux, ces roches à la surface cézannienne, ainsi que cet instant où bascule un socle. Or, pour revenir à la géolocalisation, le GPS serait aujourd’hui impossible à concevoir sans les théories dégagées par le chercheur qui a permis à l’humanité de comprendre ce qu’est un trou noir ou comment s’est déroulé le big-bang.

      Les gens oublient plusieurs choses : à l’encontre d’un affect agglutinant, dont l’une des vertus serait de permettre à la raison de disjoncter, séparer (principe de discrimination positive) c’est penser. (Dire « oui », c’est adhérer. Dire « non », c’est le premier pli, écart qui permet la narration, le discours, éventuellement la pensée, et sinon la pesée.) « Sauver la planète », c’est-à-dire se sauver soi-même. La coupure « planète/habitants » est en effet factice. Même dans un astronef ou sur Mars (pour prendre un exemple accessible), un terrien est de la planète Terre. Il faudrait des transformations inouïes pour qu’il devienne « autre/ailleurs ».
    De même, « oui » est égal à avouer ; or que reste-t-il après l’aveu ? Ce n’est nullement producteur… La négation est plus opérante, et mène en tout cas vers plus d’individuation, donc d’unité (évidemment acquise via la rupture, l’instant du « non » étant un opérateur de scission, provisoirement. De là, pour les humains, l’étape du « non » chez l’enfant. Ce « non » est une métamorphose psychique équivalent à la dent, à l’ongle, à la corne, à la griffe… Il permet d’être, de durer. (Le membre dur de l’homme est un « non » majeur, axial, qui prolonge l’éclair, la colonne vertébrale — rachis et cordons blanchâtres ; les Chinois « nourrissaient » autrefois le cerveau en endiguant la sortie de la semence ; ils pensaient qu’elle refluait dans la tête…

      Autrement mythique est la vulve : une béance molle, un gouffre d’où le membre de l’homme ne sort que procréant, via la tête molle/dure de l’embryon émergeant du ventre maternel suspendu, attaché, lié au bout d’un cordon (comme un cosmonaute interne ayant été nourri de sang) ; ainsi le mouvement de la femme est tout sauf axial : il enveloppe, entourant jusqu’au mur de la prison dans un excès aimant, par l’une des perversions de ce « Oui » total à la vie, à la chair. Redoubler le masculin, c’est sortir de l’huis un être lumineux aux deux « pôles » ci-devant pointés : tête et membre (mais la tête est molle et l’est autant le petit membre, une sorte de clitoris plutôt qu’un pénis ; et la tête est ouverte ainsi qu’un méat urinaire, avec la fontanelle). (J’adore imaginer que font en anglais n’a pas la même étymologie que cette fontaine à engranger/ensiler du sémantique, des mots, de l’information, véritable circuit imprimé que sont les hémisphères et la matière grise. Or mon imagination est productive à m’égarer, puisque font vient du latin genitive fontis ! À ce propos, a-t-on assez réfléchi sur le fait que l’encre est hydrophobe, ainsi que l’est un circuit imprimé ? User naguère — en ces fameuses années 80 — d’excès d’eau pour l’offset ou — dix ans plus tard — d’eau tout simplement sur une imprimante, c’est-à-dire contre une machine, et plus particulièrement verser de l’eau par exemple — aujourd’hui — dans un ordinateur ou un central électrique — ou sur une tableau divisionnaire — serait donc un acte de guerre — un « non » à l’encontre du « Non » afin de préserver temporellement le « Oui » jusqu’à ce que planète meure de sa belle mort — que pourraient revendiquer certains vegans et autres lointains descendants spirituels de Monique Wittig et de Valérie Solanas… Existeraient-ils ailleurs que dans mon imagination, ces militants sussent-ils que les systèmes de lutte contre les incendies sont composés d’éléments hydrophobes, que les sièges des grandes sociétés internationales et tous les bâtiments des administrations, également les musées, les aéroports, etc., reposent sur la pérennité de ces systèmes dont l’étanchéité n’est pas particulièrement remarquable ? Alors, que de grands matins baptismaux en perspective, que de régénérations toutes particulières dans la fons baptismalis, que de flambées postmodernes ou antémutantes par les Eaux ! Une genèse, et les « arches » du capitalisme avancé sombreraient, via de vastes mouvements coordonnés sur ce nouveau « théâtre des opérations » ; d’un coup, de deux « ici-là », voire d’une répétition.) En revanche, et pour revenir à notre objet porteur de négativité prospective, redoubler le féminin polarise l’Ouvert et le Fermé, la « Nuit » enveloppante et le « Jour » pénétrant, le « Oui » et le « Non », etc. De ce point de vue, la femelle est plus équilibrée que le mâle. Elle est l’habitant par destination de la Terre et, partant, de ses mémoires. (Or qui dit mémoire dit aussi amnésie.) Alors que le mâle l’est des étoiles, des fragments, et de l’oubli de l’origine. Il s’invente une capsule, et va procréer techniquement. (Attention, ce mythe machinique n’est pas un programme politique, et je n’entends pas dichotomiser en les spécifiant les deux genres.)

      De même du point de vue de la technique : toutes les productions historiques, et ce depuis le tout premier silex, que sont-elles d’autre que de l’humain ? Une voiture, un astronef, Internet, une règle à calcul, un bâtiment équipé d’un système de sécurité incendie ou pas, un fusil mitrailleur, un pont, une tasse à café c’est encore et toujours de l’humain hybridé à de la technique. La technique n’est pas toujours réductible à la machine, mais la machine (concrètement parlant) est toujours, plus ou moins complexe, un objet technique. Quiconque entre dans la machine entre dans de l’humain. C’est le premier couple « chair/technique », « volonté des actes (praxis)/pensée »…
    De nombreux mythes développant l’origine de la culture (technique, art, etc.) le signalent. Exemple : le corps démembré (pensé, nié, coupé, etc.) d’Osiris ne sera pas entièrement recomposé dans la chair : lui manquera un bout (castration symbolique, nécessaire à la pensée, à l’advenu de l’être charnel dans l’esprit). Il n’est pas anodin que ce membre jamais retrouvé soit celui de la génération dans le biologique, et que son remplacement par un artefact soit le sceptre qui permit d’entrer, d’avancer dans la technique. (L’on peut en tirer toutes les conséquences sadiennes/érotiques qui se peuvent. Mon avis, c’est qu’Isis a bouffé volontairement le membre d’Osiris afin de s’assimiler le sceptre et partant le pouvoir : elle le lui restituera en le destituant. C’est le sens de la filiation, et celui des générations matricielles. Elle ne ment pas lorsqu’elle prétend ne pas retrouver un seul et quel morceau d’Osiris ; et le baiser de la Femme idéale est toujours un « oui » castrateur. Pour l’homme, la Machine ou la Momie, le bâtiment ou l’astronef est une femme, un vaisseau trans-humain qui l’emporte-RA au-delà de la chair… Ces conséquences sont un retournement de la technique vers la chair et ses passions. Tel que la Ballade à la lune d’Alfred de Musset ou la Pièce à carreaux de Tristan Corbière, les très sérieux sourires de la femme ont-ils pour pendant l’agonie de l’homme aux amours jaunes ? Évidemment, sauf le capitalisme avancé il n’y a aucun jugement de ma part. Un constat seulement.) Le corps osirien est restauré par l’épouse, qui est une entité cosmologique : une parèdre est une partie d’une unité duelle.
    Du point de vue ontologique, Isis et Osiris ne font qu’un : c’est la noce alchimique.

      Pour revenir à mon propos, « notre » objet, ces objets gnangnan baignant au pluriel dans d’abjectes disproportions technico-économiques (au vu de l’enflure et de l’ampleur des œillères du scrotum mystico-religieux d’un dualisme béat et tellement normatif d’héterrorisme au quotidien, que je l’aie ou non depuis longtemps sacrifié est une question qui est loin d’être impertinente : elle est au dégoût cette civilisation de l’écart et du déchet, ce qu’aux égouts le gouffre une question de coût en terme humain, social, culturel, civilisationnel, toutes questions qui ne sont plus que des porte-clefs gagas gadgétisés et dont les gens s’emparent pour s’entouser-branler-voutoyer ainsi que les débris d’un ancien temple — en ruine et malgré tout à jamais rutilant : aussi beau qu’un garçon détroussé, électrisé par l’éclair mou de mon manque, il n’en finira donc pas, ce crépuscule —, alors que la seule « culture » est celle de leur routine dans de l’économique « universel » qui les endort dans ces débris, créant, pardon ! dupliquant par un patchwork babylonien de copiés-collés de toutes pièces les prêts-à-dormir), autant le castrer, et pas symboliquement. Dès lors, en viendrons-nous pour autant à souhaiter la bienvenue à la « machine » ? Avant illustration par un exemple parmi d’autres possibles, penser aujourd’hui que sauver la « planète » est un mythe enfantin, si l’humain ne se conçoit pas soi-même en tant que « planète », concrètement Gaïa, au sens holistique du concept.

      Or la « planète », l’Histoire le prouve, se transforme, est un être croissant, mutant, déluré car délabré, obscurité jetée comme une vague à l’encontre d’un mur lisse et dur, réfléchissant dressant ses miradors de Sainte-Barbe arrimant une digue, un rempart contre la pauvreté. C’est en réincorporant la semence charnelle/humaine que la planète Terre quitte l’obscurité du féminin/Isis pour advenir à la technique pure, qui est pensée fondamentale du négatif prospectif « masculin » émasculé machinique. (Et certes, il est aisé de copiner avec les mouches en se mouchant la pine assez longtemps sans glavioter sur les cordes de ce délire…) Or, réincorporer est égal à réunifier : assimiler, digérer, manger, dévorer… C’est Dionysos accouchant Apollon ! Bah, l’inverse est aussi très jouissif. (Ben non, Dubaï n’est pas à l’autre bout du monde, et ses babils pétroliers nous inondent.) C’est le véhicule humain/technique qui doit l’accoucher. Et qui dit technique, implémente (ha ha !) également politique, économique. (Et c’est ce qui, malgré toutes les résistances, adviendra.) Or l’accouchement est une meute au rut froid assise sur un capital dédié au meurtre de la chair, une bacchanale planétaire/humaine inversée… (Il conviendrait de relire Mavin Harris, Cannibales et Monarques.) Les Beatles — rappelons-le Quatre garçons dans le vent, pour ne pas nommer le bug rock de ces années-là — l’avaient-ils ou non, avant le Mozart d’un cinéma compte-gouttes et moutonneux, montré à la reine, leur pastille…

      « J’éteignis. Isabelle se leva. Elle me débarrassa du livre, de la lampe. — Venez maintenant, dit Isabelle. Elle s’était recouchée. De son lit, elle braquait ma lampe de poche dans ma direction. » Violette Leduc, idem.

      Voilà Zuria, je ne me relie pas (la journée avance à grands pas digitaux) et l’orthographe est donc probablement, ici et là ainsi que des temps, fautive.

      Bonne journée de créativité.

     

  3. J’ai beaucoup apprécié tes nouveaux clichés. Tu m’avais dit que tu ne voulais pas prendre cette forme sous d’autres coutures que de face, mais je pensais vraiment qu’il était dommage de ne pas voir le dispositif derrière le bois. Je t’avais d’ailleurs demandé de quelle manière tu avais positionné la baguette des leds. Les 4 dernières photos de haut et de face avec les reflets sont superbes. On a ainsi toute l’histoire de l’oeuvre.

  4.         À Eugénie

    Ravie de te compter à bord de la Méduse qui est certes un chalut virtuel, et qui plus est au hangar, mais un chalut qui n’en demeure pas moins un projet à piloter.

    Or voici que tu nous donnes la météo, un parcours et le routage. (Un gouffre d’eau appelle au large un incendie !) Tu es un parfait logiciel de performance ! Vaste question : une fois ce parcours défini, nous resterait-il encore à passer du virtuel au réel ? Je crains de connaître ta réponse…

    Elle serait orageuse ainsi que réunis le feulement d’un tigre et le grommellement d’un sanglier.

            À Marie-Agnès

    Merci. Je t’envoie un courriel…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *