« Barques entassées dans le port, avant d’être débitées en petit-bois, êtres humains entassés dans le centre, avant d’être expédiés ailleurs. »
Martine Storti, L’arrivée de mon père en France.
« Flottages : ceux des troncs d’arbre livrés aux rivières pour leur transport. »
Andrea Zanzotto, Xénoglossies.
ATTENTION DANGER CHUTE DE FORME !
Écart publicitaire. Panneau de prévention des risques : « Attention danger chute informe ». Forme du panneau : indéfinie ; différents supports disponibles : aluminium 2 mm (enfermé dans 2 plaques de PVC), plastique ou adhésif ; différents diamètres disponibles : 12,5 cm, 25 cm, 35 cm, 45 cm ou 65 cm. NOUVEAU.
Nature morte
En cale sèche est un repas. D’une mirette
Unique, éborgné jusqu’au sang, longtemps ce chien
De mer me bravera d’un œil. Dans l’ombre, rien
Qu’un spasme : un coup brutal ! Il me serre, avec cette
Queue oblongue qui glue. (Puis, vaguement, la bête
Poisseuse se recroqueville.) Est-ce un oursin
Qui m’a blessée ? Par l’ouïe, un peu, ressort, bien
Noir, un hameçon : ce n’est que ça ! La roussette
Est fripée ! Lançons-lui du cidre : à ce crochet,
La rétractation, craintive, assez risible,
M’apparaît. (Songe-t-elle aux verts récifs ?) Hochet
De chair, va ! Jetons-lui de la sciure… Au chai
Marin s’achève l’agonie. Est-ce terrible
Si ce requin dans les oignons va ricocher ?
Poêle à frire
Peau dans la sciure, on a de mots nada : le
Foie éjecté, le verbe idem. Bah ! qu’au bon goût
Mes tripes aient manqué, qu’y puis-je ? Haut lieu d’où
L’intestin s’évida, qu’une raie s’en régale !
Vos palais fins, qui auront une autre fringale,
N’en peuvent mais. Seule ma chair pleine de trous
Est subtile ; amers, selon vous, de vain ragoût,
Sont mes boyaux ? Bah ! qui les aimerait ? Je râle !
Dévoilés les poncifs, peau sans dessus-dessous :
L’enveloppe émeri est suspendue ; rebond
Qui râle et, déjà ! agonise, avec la bête
Retournée comme un gant ! Tâte-la tout ton soûl,
Poète, car ici l’on se meurt deux fois ; ton
Galuchat de quatrains et de tercets en tête !
« C’est dans les vieilles poêles que… »
Devant mon nez, comme il en irait d’une plage de sable et d’un coin de campagne autour d’un petit hameau côtier exposé aux vents du Pays Basque nord, sont épinglées les pages 70 et 71 de L’épiderme nomade et la peau psychique, un ouvrage collectif écrit sous la direction de Didier Anzieu. J’en suis à la pathologie de l’écart, un chapitre qui s’annonce assez bien. En parallèle, il m’est plaisant de relire Le Photographique de Rosalind Krauss. Bon, j’en viens à mon commentaire, et plus précisément à une question. Par un mouvement insistant, qui appareille autant l’enjambement que la coupure nodiérienne, est-ce que ces « alexandrins buztingorriens » sont à mettre en rapport avec le texte du Collant au singulier ? Pour signaler sa Théorie des Spectres, je veux parler de Balzac : y a-t-il là un patronage médian, un lien direct, une piqûre (couture ou reliure) à identifier ? Quoi d’autre…
Une bordée à boulet rouge
« . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . »
Tristan Corbière, Gens de Mer.
« De l’ironie du diptyque »
Non. (Ce qui n’est pas un aveu.) Eussé-je autrement péché pour Nature morte aux poissons, de Bram Van Velde ?
Un galuchat numérisé ?
Le bois est bath qui ressemble à un poisson ! En suggérant une déjection excrémentielle filamenteuse au niveau approximatif de l’anus des pisciformes, a été renouvelé le geste de la durite d’une imprimante.
Ex-foliation spectrale : importés poteaux de chagrin, bois flottés, mémoire conservée listant l’écart, dronant les cartes, numérisant l’individu houellebecquien par un général décollement sémantico-iconique ; ici est l’arche de Noé et son souci : manger ou être mangé. (Réifier, sélectionner, dater.) Froid, froid, froid. (Azur, dirait Mallarmé, et Terre Gilbert-Lecomte 1.) La roussette au féminin, le loup de mer au masculin du cipM phocéen ne sont qu’un poisson de plus, à consommer selon l’art poétique en une peau acceptable.
1. Les Quatre éléments : « Terre et le naufragé prend racine et s’endort
Sous les feuilles au vent de l’arbre ».
Un coup de pinceau
« L’odeur de putréfaction de vos entrailles remontera jusqu’à leurs naseaux. »
Jann-Marc Rouillan, Les Viscères polychromes de la peste brune.
Old tune &
Mascarade
No pasaran nec mergitur
1.
Il flotte, il flotte, le fa-chiffre
Le fa-chiffre de la cimaise,
Il flotte, il flotte, le fa-chiffre
Le fa-chiffre des galeries.
Il est agité par ici
Le fa-chiffre de la cimaise,
Il est agité par ici
Le fa-chiffre des galeries.
2.
Il flotte, il flotte, le fa-chiffre
Le fa-chiffre de la cimaise,
Il flotte, il flotte, le fa-chiffre
Le fa-chiffre des galeries.
Il surfera par là
Le fa-chiffre de la cimaise,
Regardez s’il est ici
le fa-chiffre des galeries.
3.
Il flotte, il flotte, le fa-chiffre
Le fa-chiffre de la cimaise,
Il flotte, il flotte, le fa-chiffre
Le fa-chiffre des galeries.
Le fa-chiffre est exposé
Le fa-chiffre de la cimaise,
Pourras-tu le démasquer ?
Le fa-chiffre des galeries.
Autre version
(Refrain)
Il vogue, il vogue, le bateau
Le bateau de la cimaise,
Il vogue, il vogue, le bateau,
Le bateau des galeries.
Il est passé à tribord,
En virant de son bâbord.
(Refrain)
Il vogue, il vogue, le bateau
Le bateau de la cimaise,
Il vogue, il vogue, le bateau,
Le bateau des galeries.
Du dildo et du poétariat
« Question qui regarde chacun en tant qu’il souhaite élaborer une forme de vie non mutilée, non aliénée (je reprends à dessein ces vieux mots de la critique marxiste). »
Jean-Claude Pinson, De la poésie à l’âge du « poétariat ».
Et ma vie est un plug que tu te mets dans le cul ?