« Les révolutionnaires, les artistes et les voyants se contentent d’être objectifs, rien qu’objectifs. »
Richard Pinhas et Maurice G. Dantec, La Schizosphère.
Là où il y a de l’humain, de l’effroi l’a précédé.
Allons d’un pas zélé à sa rencontre, ou de l’usage du temple (empr. au lat. templum : « espace tracé par l’augure ») et de celui du sanctuaire (empr. au gr. téménos : « ce qui est découpé »). Cercope des prés (Philaenus spumarius) accroché à la tige d’un végétal hôte, la Grèce est le berceau du cogito. Écume-t-il pour autant de la langue ? Une statue grecque de l’époque du second classicisme était d’un tracé identique à celui d’un temple : on y trouve une loi, une mythologie, peut-être également de la psychologie dans la forme et des règles sociales dans la couleur. Ainsi qu’il en va des romans de Balzac, qui sont en outre une œuvre de science molle, et notamment de socio-psychologie, la sculpture grecque est aujourd’hui appréciée en-soi par le contemporain.
Imaginons une section (le pelvis) de plusieurs de ces statues (de Scopas de Paros, de Lysippe, de Praxitèle et de Léocharès) reproduites avec art puis recouvertes de pages choisies de l’un ou l’autre des ouvrages d’une édition non originale de La Comédie humaine : les hanches, préalablement posées sur un support (enfoncé dans le point de rétention énergétique indiqué par de vénérables manuels chinois pour arrêter l’éjaculation, il s’agirait d’un pied de fixation en métal pour buste : idéalement un tube de section carrée peint en noir prolongeant une plaque de métal triangulaire ou carrée posée au sol), seraient enduites avec de la résine incolore.
On peut varier avec les œuvres – non traduites – et les partitions suivantes : Daumal, Le Contre-ciel ; Chevreul, Mémoire sur l’influence que deux couleurs peuvent avoir l’une sur l’autre quand on les voit simultanément ; Blanchot, L’Attente l’oubli ; Boulgakov, Мастер и Маргарита (Le Maître et Marguerite) ; Maldiney, Regard Parole Espace ; Bach, Clavier-Übung (Variations Goldberg, BWV 988) ; Quignard, Boutès ; Feynman Lectures on Physics (Le Cours de physique de Feynman) ; Hugo, Les Misérables ; Celan, Engführung (La Voie étroite) ; Houellebecq, Extension du domaine de la lutte ; Char, Fureur et mystère ; Chostakovitch, partition du Quatuor à cordes nº 8 ; Kafka, In der Strafkolonie (La Colonie pénitentière) ; Bachmann, Toute personne qui tombe a des ailes ; Dostoievski, Преступление и наказание (Crime et Châtiment) ; London, Martin Eden ; Frères Grimm, Kinder- und Hausmärchen (Contes de l’enfance et du foyer) ; Lacan, Autres Écrits ; Dante, Commedia (La Divine Comédie) ; Semprun, Discours préliminaire de l’Encyclopédie des nuisances ; Tolstoï, Анна Каренина (Anna Karénine) ; Shakespeare, A Midsummer Night’s Dream (Le Songe d’une nuit d’été) ; Barthes, Mythologies ; Sade, La Philosophie dans le boudoir, etc.
On peut surtout imaginer varier en laissant nu l’abdomen – minoré de son tiers supérieur, c’est-à-dire de la zone du foie et de l’estomac – qui serait traité, du colon jusqu’au rectum, dans des matières originales et plus avant décider de remplacer les « copies conformes et certifiées » de la statuaire grecque avec une procession de mannequins d’exposition (hanches homme : blanc, transparent, chair, gris, vert, noir, etc.), augmentés d’un membre jovial (qui n’aurait donc pas subi de réduction). Il s’agirait alors de majorer la première série en l’exaltant par trois voies utilisant différents matériaux (bois d’essences et de tons différents, polyester, polypropylène, polyéthylène HDPE-PER, acrylique, aluminium, acier inoxydable, fibre de verre avec ou sans housse de lin, polystyrène, etc.) et techniques (sculpture, placage et marqueterie, détournement d’objets destinés au visuel merchandiser, happening, polissage, etc.) :
1. en favorisant l’originalité de la couleur, de la texture et des contours, recouvrir ce membre en beauté des sacs à main de haute couture des maisons prêtes à sponsoriser le projet ;
2. en variant l’objet cache-sexe par des sacs et trousses à outils en toile enduite ou en cuir : le prolétariat n’a pas à être châtré du discours esthétique ;
3. en utilisant la trousse de rentrée scolaire avec toutes ses variations commerciales actuelles : vintage avec marquage à chaud d’un prénom, fantaisie, manga, kokeshi, cupcake, etc.
À ce point rendu, les sacoches, petits bagages et autres baise-en-ville de ces messieurs jolis feraient bienséante une quatrième voie. Selon un rapport de 4/9 entre la largeur des sculptures et la distance qui les séparerait, qu’il fût dès lors affriolant de disposer ces quatre séries sur la péristasis en un simulacre de « Parthénon viril », ou « Temple du Néon » : suppôts de muscles fessiers vibrant au-dehors, que les sculptures supportant les sacs à main eussent alors été placées à l’ouest, celles des trousses d’écoliers au nord, les baise-en-ville à l’est et les reins de la deuxième voie dûment disposés au sud. L’ensemble des bassins de couleurs et de textures diverses et variées remplacerait donc l’emplacement habituel des colonnes du Parthénon et ne serait l’étai d’aucun ciel antérieur qui ne soit préalablement recouvert. Plagiat de rose des vents de quatre artistes cardinaux, l’ouest eût alors correspondu à l’emplacement des hanches imitant l’art de Scopas de Paros, le nord à celles de Praxitèle, le sud à celles de Lysippe et l’orient au lustre de celles du ciseleur de marbre restant. Pour une élucidation élémentaire du dispositif, est-il utile d’attarder l’avancée de notre propos sur les sculptures à placer aux lieux du pronaos et de l’opisthodome ? Ici, d’exhaustivité, nous nous abstiendrons.
Dernier point de réglage avant de mettre les doigts dans la prise : l’installation devrait-elle comporter une électrisation de chaque membre que l’amateur d’art et le touriste de la culture en fussent assurément tout éblouis !
C’est à l’encontre de l’esprit d’enseigne et de néon, de séduction et d’avilissement de l’époque (un défi à la matière est-il nécessairement une feuille étiolée de nénuphar, là où ses graines vont germer après un lent enlisement dans la boue) que nous nous abstiendrons, toutes considérations dûment soupesées, du développement de la première série : sans mentionner leur visibilité, sexe excepté, conformes aux proportions de quelques statues grecques tronquées, ces hanches de mannequins destinées au code-barres du commerce actuel apparaîtraient en effet un temple-tremplin utile et un moyen aisé de profits. Il suffira donc qu’elles soient, par pondération, déqualifiées avant leur mise en œuvre. (Pour prévenir toute contrefaçon du projet jugulé, les deux membres modérateurs actuellement actifs du Collant ont procédé, pour chaque alinéa, à une relecture à la douchette CDD de la partie de la sculpture électrisée.)
En marquant des stations à la temporalité exo (le temps) et endo (le rite) culturelle, dès lors qu’advient l’effroi, ou que peut advenir, se réitérer l’effroi, l’art est l’un des effets boomerang qui accompagnent l’ombre de l’effroi et chacun des pas qui pourraient y mener : contrairement aux techniques du refuge ou de la prédation (d’habiter ou de quérir de la nourriture, etc.), il s’agit moins, pour l’art, d’arriver – de commettre ou d’accomplir – que d’approcher ; et cette approche est, au sens proustien, la partie « mémoire » de l’art.
(À propos de Proust, il serait convenable d’ajouter La Recherche au projet non oblitéré : une édition non originale serait-elle, à dessein, désireuse de coller par marouflage au cul peint d’une copie de Praxitèle ou de Scopas de Paros ?)
Là où l’approche s’est choisie pour objet propre, on peut nommer l’art.
Aussi l’humain, lorsqu’il ne pose pas frontalement le cogito (lorsqu’il descend dans l’arborescence de l’inspir-expir et se reconsidère en panthéiste avec les tuiles ruisselantes et saturées de scories d’éclairs du toit de cinquante kilos chacune), s’avance-t-il toujours face à l’effroi au moyen de parures, de miroirs, de reflets, de pièges, de leurres, etc.
Là où l’objet de l’approche est l’approche, c’est par l’endo-exo que l’art du retrait relie l’humain au sinueux sentier de son diaphragme.
Il tente d’être accueilli en hôte dans la demeure de l’effroi, et, sinon, d’effrayer lui-même, à son tour, en lui l’effroi et, partant – animal ou maladie, météore ou humain –, de le provoquer chez autrui.
L’acte d’être là, sans agir : en station.
L’art d’être là, ouvert-tendu dans la présence et le retrait, voit pointer l’aube de l’art.
Et l’écoute, et l’œil. Le nez aussi, ce médiateur de la vision, dont le ressenti vibre et répond au présent du retrait, dédoublant en l’incorporant le dehors-dedans.
L’eau, la pluie, l’odeur, le vent. L’ombre, le nuage, la parure, l’éclair.
Identifiés aux pacages engageants, accessibles, abordables, aimables, avenants ces éléments apparaîssent, a capite ad calcen entre les zones éloignées d’un trop abrupt pâtis et du proche habitat, une sorte d’estran vertical réservé aux bergers et au dieu des troupeaux. En s’élargissant par discipline et transgression, l’art-artisanat, à controverser ad hominem l’effroi, a-t-il bâti un domaine d’ombres et de lumière hospitalières, et conquis – sur la nuit hauturière – un pâturage spécifique, occupé pour-soi depuis la Grèce antique une friche ineffable ; et les a-t-il cultivés à sa façon ?
Variation, suivie d’une craduction
Mais venons-en à notre sujet.
Le site Web ne doit pas commettre l’erreur qu’a évité ce qu’il prétend exposer : il ne doit pas circonscrire ni clôturer l’art, et surtout ne pas le faire échouer. Il ne doit pas être mal conçu, c’est tout ; ce qui est vrai en général l’est d’autant plus lorsqu’il s’agit d’un site à prétention artistique. Nous nous proposons de socialiser une modeste réflexion sur ce cadre, en évitant l’avis sur les œuvres présentées.
Je suis toujours étonné que des artistes qui ont des sites Web ne soient pas également créateurs au niveau de la présentation, soit de l’exposition de leur travail, et que là, d’un seul coup, on pourrait tout aussi bien exposer et vendre des collants, du jambon, des prothèses visuelles, des VTT, du support publicitaire ou de la lessive.
Pourtant, la question du cadre – petite voix aigrelette de vieux cidre ranci – est une question esthétique connue de nos jours ! (Dans White Cube – L’espace de la galerie et son idéologie, Brian O’Doherty, l’a éminemment-et-ses-synonymes-au-CNRTL posée.) La visibilité Internet en est un, du moins me semble-t-il. Lorsqu’elle n’est pas posée au niveau de cette vitrine, est-ce de la négligence de la part de l’exposant ?
Probablement de l’ignorance des moyens offerts par ce support.
Machine outils d’un jeu de données au bout de l’écran, est-ce là une façon, autour de l’autel orné de fleurs, de feuillages et de guirlandes, d’asperger un client, fut-il maniable et laineux, avec de l’eau sémantico-lustrale ?
Certes, l’artiste n’a souvent pas les moyens de financer un développeur officiant, ou d’entretenir avec lui une relation intime et suivie sur le long terme. Alan Bamberger, qui n’a pas été sollicité pour Antécimaise, est d’un excellent conseil sur ArtBusiness.com (Un concepteur de temple donc : un architecte à l’écoute des conseils de l’artiste et détenteur de savoirs en matière de site Web.) Mais alors on objectera qu’aujourd’hui on trouve de très bons systèmes de gestion de contenu (WordPress par exemple, ou Art Web qui est un site dédié).
La plupart des SGC offrent des thèmes graphiques satisfaisants. Évidemment, une belle marge créative demandera plus de pré-requis. Le créatif a les capacités cognitives pour, mais comme certains devant le vol en parapente, ou les mathématiques ou la physique, ou l’art, il peut se dire : « Ho la la ! je ne sais pas faire ! » Il se peut néanmoins qu’il s’agisse uniquement d’une répugnance à l’utilisation du médium. Dans ce dernier cas, un site comme artisteo est d’un grand secours, mais là, ce qui est vraiment intéressant pour l’artiste, c’est le réseau social, la création de liens, que permet ce site utilisateur d’un SGC : il est donc utile de renvoyer vers son propre site Web.
En revanche, ceux-là qui n’ont pas l’art de l’attrait tuilé des artistes entre eux, et qui privilégient les seuls softwares, un anglicisme désuet, comme moyen d’approcher le naos, en omettant d’entrer, via la péristasis d’un site de liens sociaux, dans le sékos, n’escomptent-ils pas tout simplement, comme le hiérophante sacrifiant à l’autel la victime aux cornes dorées ou offrant à ses visiteurs talentueux des gâteaux, la diligente imposition incidentale d’une main indexant les pages des sites Web : sitôt la cohorte des fidèles extasiés d’avoir entr’aperçu le divin dûment rehaussé de couleurs, une sorte de régulation à l’équateur assidu du logiciel plutôt que le solennel avis de leurs pairs – ou, à l’extérieur des galeries de colonnades, le sinistre sort des dispersions de l’Acropole.
Plan cadastral à la place du lieu découpé aux promptitudes semi-automatisées, est-ce là une manière de bénédiction sans en passer par un clavier Bépo-moins-de-mots « adverse » ou, auguste héritier de la machine à écrire mécanique, Azerty-plus-de-maux « ami » – autrement dit, avant terme, crawler, bot ou spider, une assurance sur réception, un accusé positif, un seing ?
Zélé ou pas, engager son pas dans le sékos sans en passer par la péristasis est une sérieuse transgression, et même l’une des plus graves après celle qui consiste à séduire on sait qui. Est-il nécessaire à la compréhension de faire ici sur le bassin un long discours ou un petit dessin de la statue entrapercue ? Pour les plus lents : soit ôter la sacoche et sucer sans médiation la divinité révélée du néon, soit ne pas saliver mais demeurer, assis ou à genoux sur l’une ou l’autre des trois crépis, dans une méditation approfondie.
À coup sûr, l’erreur consisterait à passer à côté de l’objet, à outrepasser le champ : le naos est un socle où engranger la mémoire ; or l’œuvre exposée sur Internet – espère-t-elle un jour prochain une cotation sur Artprice ? – est en guet d’un acquéreur. Ne doit-elle pas nécessairement se prévaloir d’une attitude confiante envers un état là de l’étalage et au-delà, où s’initie le retrait du permanent dans l’éphémère ?
Interprétée puis discutée par les gardiens du sacro-saint sac à main avec les prêtres du non moins consacré portefeuille, la sentence doit être prononcée en public avant d’engager la sanction à l’encontre du coupable. Enfin, il s’agira de le frapper d’un châtiment : les punitions infligées à cet artiste déviant, retourné, perverti seront puisées d’une manière oraculaire. On invoquera donc les collectionneurs sanctifiés, qui collent par la plante des pieds au naos comme l’ombre aux trois corps du très-haut sur l’autel.
On ne dira pas que par temps radieux de haute mer, assis sur son siège pivotant à vérin, la rose des vents lui est faste et que dans le cas de l’art-cale, c’est le relié dans le séparé qui advient. (Aux pixels de l’écran-nasse ou aux filets du pêcheur-blogueur, chacun tire comme il peut le codage informatique des couleurs.) Alors que dans l’autre cas, l’art-harpe – l’art éolien si l’on veut des liens sociaux, et dorien si l’on tient à augmenter les points cardinaux d’une haie admirable de quatre sons intermédiaires – c’est l’inverse (une forme d’herpès, et de coussin à pets) qui advient : le séparé (opisthodome) dans le relié (pronaos). Par cette lente dérive, la souche-boucle de notre sujet, préalablement accroché à l’éclair de part et d’autre et surtout, là-haut, au mât et à l’écoute des lyres de l’eau et de l’air, a-t-elle pour autant abordé l’horizon du Parthénon ?
Entre deux colonnades cannelées, le notionnel marchand de l’art au moyen du seul site Web du créatif, le sans-détour, pas plus que dans le domaine du perceptif la mosaïque étroitement serrée du codage RVB, la lumière, la conscience ne peut totalement l’enclore, le circonscrire et le saisir – le potager divin comprendra l’apanthisme escompté – sans le recours aux planches de salut des sites de liens sociaux ; et pourtant, c’est sa destination vers le nocturne, et partant l’inconscient. But… ses colonnes étant composées de tambours, perché sur ses soubassements comme le dalaï-lama l’a dit d’un nénuphar à fleur d’eau (dipsomane initié au bouddhisme, il s’agit là de la position zazen, autrement dit du saké dans les chakras), le prestigieux Parthénon n’est pas pour autant une imprimante religieuse ! À dégager des phéromones visuelles d’agrégation, de déclenchement, d’amorçage, de piste, et de reconnaissance sociale, un robot d’indexation nano-intégré à l’œil occulté des visiteurs maintiendra donc, pour eux seuls, leurs statistiques au beau fixe et, au tableau de bord, le comptage des articles et des pages se fera automatiquement : classifiés d’après leur niveau socio-économique (indice assuré au vu des achats et selon la catégorie moyenne des sites Web visités : l’anal-fric, siouplaît…), les internautes seront sauvegardés en fonction de la surface sociale mensuelle escomptée par article et par pays.
Et, avec cette base électorale, pour équilibrer une position instable entre deux pôles, le « Pot-podium newtonien » du toner pour imprimante laser, celui de la théorie de la couleur. Pot-podium dans lequel l’arbre des bronches in-out d’une partie de l’espèce humaine est enraciné par les intestins, alors que, tout bien considéré, ce tiraillement bipolaire (un étron réifié d’une part, EurêKbis de l’autre) est celui d’une sorte de sprat (Sprattus sprattus) qui aurait eu (concordance des temps oblige) à la tête une bosse (une protubérance anormale), et le cou – the swivel stand – cassé par un angle droit (une déviation enkystée entre l’atlas et l’axis), ceci à seule fin de retrouver un cap, une mire, un horizon sans lequel :
a-rouge) sa bouche
b-vert) son front (nous sommes déférents, respectueux, polis : pas de sortie par l’excréteur-fonction/l’excrétoire-rôle que sémantique-iconique)
pointeraient, sur le rouleau encreur offset ici, désespérément :
a-r) l’asticot coté, disons l’appât
b-v) le phare à tricoter la synthèse additive
éblouissant le temple au format A4 pour revêtir de blanc les sacrificateurs en éclairant le socle de connaissances afin d’être
a-r) ferré
b-v) d’en recueillir
a-r) et mis dans
b-v) attention ça vient…
a-r) la bourriche
b-v) la sublimation, et pre
nez garde à la syn
thèse soustractive. (Une fois refermée la lunette – éteint l’écran – du sacré unit
aire, l’usager est prié de laisser les lieux dans l’état qu’il souhaiterait les trouver.)
Encart publicitaire : Opisthodome et Cie, votre fournisseur attitré pour obtenir une correction automatique au niveau du rayonnement ultraviolet (le néon détroussé, si vous avez suivi). Grande braderie de brosses spécialement conçues pour les matériaux délicats et les usages fréquents.
N’oubliez pas, pour une correction automatique efficace et pérenne : O-PIS-THO-DOME-ET-CIE, le bronzage retrouvé sans éphélides inopportunes ni obtuses projections brunes.
Disposer d’un temple sain, et d’un tremplin sûr, et décent, est une des attentes élementaires du visiteur, a priori confiant quant aux qualités sanitaires-sacrées des lumières colorées sur un écran. L’erreur involontairement bornée – car il existe des erreurs à fonction de fontanelle (une façon de synthèse périnatale entre le séparé et le relié), une coulée de lueur tendre à suivre ainsi qu’un sentier – serait de s’engager dans le pur domaine de l’élucidation, de la pensée, et, depuis ce lieu, à battre le redoublé pensant en solo ; autrement dit à oblitérer – par excès d’intérêt innervé autant que par défaut – le suspendu.
Le grain reste au sol et la paille est emportée par le vent.
(Est-ce la position de l’art, au niveau de la structure portante ? Une dalle orthotrope : investir le médium ; autrement dit l’arrêt, le cadre, le sujet autant que le support : mettre à distance, en appelant la saisie, la chasse abondante, la répétition générale et le mime propitiatoire, etc. Il faut que le climat corresponde au souhait d’ambiance et d’intérieur : là où il est reçu – et acheté – l’architecte a prévu dans le décor le naos au néon !)
Le sol-craie (ou la zone allouée au Code du Travail, et son périmètre de protection) peut être une surface liquide, et le vent une rivière-houle, un lac-acte. Ils pointent dans le lopin du séparé l’essart et le relié de l’art, un reboisement socialisé du dit. Mais attention à bien différencier à quel positionnement du curseur, qui va et vient sur la partition en oscillant, le séparé (opisthodome) de la feuille-portique ou trésor-étron du temple et le relié (pronaos) du tronc-colonne adviennent au bâti, au semis-semblant, et à la friche dorée de la riche forêt.
Tout cela de l’art-fard est dare-dare explicité par quelques-uns des détours-tourmentés de Zuria dans La Digue du marégraphe.
Nul ne confond la mémoire, le souvenir et l’art-actuel, mais nous dira-t-on pour autant que si la mémoire est une borne, alors le souvenir est une haie ? Pare-feu (firerwall) dit-on. Contre un pirate informatique envoyant des crochets-paquets de données de manière aléatoire. Heurtée de lents sureaux, l’une appartient aux croisées vitrées d’avril, alors que l’autre est un état du pelvis au mois d’octobre, un papillon de calcium au seuil d’une ombre colorée.
Citant Maurice Blanchot, Roger Laporte a-t-il posé une question utile à notre propos : « Pourquoi l’art est-il une ‘recherche essentielle’ (…) ? » (Roger Laporte, L’Ancien, l’effroyablement ancien1.) Pour situer la colonne dans l’ordre dorique et le volumen, ou le rotulus dans celui du codex (au prêtre était échue la peau du sacrifié), à démonstration le livre (avec une initiale « miniminuscule ») est le constant du narratif dans le divers, la méditation des jours, la médiation de la vague… et ce constat par Zuria : « C’est une position théorique, elle est discutable. C’est celle que j’emploierai. » Il faut noter ici que l’écriture étant un phloème à quatre mains, l’interface plastique du clavier connotant la peau, Pascal est de l’avis de Zuria ; et, parlant bas, c’est à mi voix sur la question qu’il partage son point de vue : pour décrasser en profondeur les claviers Azerty et Bépo, il est souvent utile de détourner le cours des eaux des fleuves Alphée et Pénée !
De plus, les 3 000 € promis pour subvention, c’est macchabée : allez plutôt sucer des cailloux, préférablement un rognon de silex, un bout de clavier, du bois de renne ou une roche à tailler en vingt-six éclats et autres ponctuations (par exemple un calcaire noir avec filon de calcite, et certainement pas du schiste ardoisier) !
Ainsi, lorsqu’un clavier Azerty en vaut deux, c’est potentiellement trois qu’en vaut un Bépo : le baroque et le haut-jazz ne sont-ils pas aux antipodes ? (Albert Ayler au cœur consommé des systèmes botaniques précaires, les prêles du paradigme absent sentent-elles par surcroît des aisselles ? Il faudra alors nommer les Jardins ouvriers du FCT.)
L’art dégénéré exhumant un passé récent par les (cric) aires et les vents, par les orients (appui, vérin) et par les airs (chèvre, architrave, élévateur en stock), les sirènes de nos jours ne font-elles pas l’essai de leurs couplets (levier-treuil-cabestan-travail libre et girouettes assortis aux coussins à pets) les premiers mercredis du mois ?
Soit « ‘une région neutre où s’enfonce celui qui (…) est tombé dans l’absence de temps’ : voilà donc ce que l’art doit chercher comme son seul Orient ». Roger Laporte, Ibidem2.
Le filet remonté de l’outil spécieux d’une pêche aux internautes est-il, ne serait-ce qu’un peu, miraculeux ? Utilisé pour des « visiteurs en ligne » à la page du tableau de bord, un technicien de l’art hybridé à de l’informatique est tombé dans le morceau, le fragment, le copié-collé (on met alors ce que l’on peut : artisanat de qualité certainement, étal-art sous le auvent du portique étant alors beaucoup dire).
En effet, l’un des actes incontournables de l’artiste est l’auto-évaluation de son travail, et il ne peut donc pas ignorer que les conditions, et donc le cadre, d’exposition modifient parfois du tout au tout une œuvre, une opera.
De l’art péripatéticien ébahi devant son écran par un exemple veule : se représenter La Coquille de Redon (un lambi traité aux pastels, avec humour et retenue) exposé sur un mur vermillon, puis le même Lobatus gigas sur un mur vert.
On peut varier avec la distance, ou l’exposer entre deux palimpsestes hyperréalistes (entre une quadrichromie sérigraphiée à la Warhol et un dripping-tableau de Pollock, ou entre un aphorisme du tramway niçois réalisé par le post-lettriste Ben et un micro-acte-poético-plastique à la Filliou, un « poème-objet » pour le sémantiquement neutraliser : ci-gît le génie), avec un éclairage frontal (ainsi influe le néon), etc. Chaque fois, l’œil percevra des différences notoires, et, dans les deux premiers évènements (fond rouge ou fond vert), le vol sera en rase-motte, et, dans le cas dernier du vert (reflet de bulbe allumé, la nouvelle doxa radada), l’œuvre sera oblitérée.
Pas seulement pour des questions de visibilité, il me semble qu’un site, c’est aussi une condition d’exposition importante. (On envoie des signaux au visiteur, et c’est là où il atterrit-amerrit.) Il est le sûr reflet du goût, de l’intelligence, de la sensibilité et des exigences qualitatives de l’artiste : en un mot, il est un miroir de sa personnalité exo et endo artistique. (Et cela : il se peut, oulipodium intégré, que le projet ait à participer de l’art qui n’est pas seulement un état là de l’élan vital, ni un étalage de la doxa cladico-clic-clic pro-flash.)
Radeau de la méduse ou barque éventrée à flanc de dune, constamment par le haut ou le bas, l’art se sait indéfinissable.
Traduit par Adriana Pilia et Jacques Demarcq, et publié aux éditions Nous, ne terminons pas sans citer Zanzotto :
« — Oh oui, allons-y en-route-avec-la-tête
divaguons un peu et même un beaucoup si tu veux
sur la blessure et sur la douce colle, entre nous »
Andrea Zanzotto, Les Regards les Faits et Senhal3.
(Écouter avec l’oracle, à la clarté de l’omphalos, les soupirs inspirés de la faille et ses cris désolants n’est pas permis ; alors quittons aussitôt ce lieu : pas plus qu’il n’est nommé, nullement l’adyton n’est en abyme mis.)
Merci de votre attention.
Pour Le Collant,
Zuria Buztingorri et Pascal Parent
1. Pages 13-14, éditions Fata Morgana, 1987. « Pourquoi l’art est-il une ‘recherche essentielle’ — justifiant ainsi qu’on puisse y consacrer sa vie — à la stricte condition de s’approcher d’une région où il disparaît, où le livre — vocable dont la première lettre devrait s’écrire avec une miniminuscule —, loin de toute Totalité, se détériore, se délite, se fragmente, et ainsi répond à son incroyable destin : l’absence de livre ? »
2. Page 13, éditions Fata Morgana, 1987. « ‘Une région neutre où s’enfonce celui qui, pour écrire, est tombé dans l’absence de temps’ : voilà donc ce que l’art doit chercher comme son seul Orient, région dont « l’approche est menaçante pour celui qui la porte, menaçante pour l’œuvre…, mais c’est aussi cette approche qui fait seule de l’art une recherche essentielle. »
3. Arnoldo Mondadori editore, 1999. Éditions Nous, 2004, pour la traduction française. Pages 21-22 (soit les pages recto et verso cinq et six, sept feuillets faisant socle au poème).
Du débarquement en général et d’une sphinge en particulier
C’est la Normandie, une plage du débarquement mais laquelle ?
En février 2015, ont été prises les quatre photos de la Forme 12 intitulée « Ensemble des systèmes ».
La sphinge est plus tardive, et l’appareil différent. C’était printemps, avril me semble-t-il ; certainement 2016. Cette quasi peinture a été prise lors de mon dernier drift à Saint-Malo : avec Pascal, nous sommes remontés par un sentier de bord de Rance qui, suivant des dénivelés entre côtes et estran, chemine jusqu’à un cimetière de bateaux. C’est l’étrave bien cadrée de l’un d’eux.
Comme pour les bois flottés il s’agissait de regarder en cherchant quoi glaner, et surtout bien voir.
D’un tiroir à coulisse
Merci à Zuria pour ce commentaire sur les lieux de collectes. Je me doutais bien que c’était en Normandie ou en Bretagne, et avoir « l’œil » pour cadrer ce que l’on ne voit pas de prime abord est un don.
Il est heureux que l’action de cadrer restitue au regard son aptitude et c’est en effet là tout le point. C’est en tout cas ce qu’en a dit Paul Valéry : « L’œuvre d’art devrait nous montrer que nous n’avions pas vu ce que nous voyons. »
Mais que penser de la sphinge et de son cou à la Modigliani…
Salutations d’étrave pour de hauturiers souvenirs, mes tendres sentiments allant évidemment à la petite Lili.
« Qu’est-ce, en effet, que ‘renverser [une tête] sur le fondement’, procéder au ‘renversement de la tête’, comme l’écrit Dürer, si ce n’est renverser le fondement de la visibilité elle-même ? »
Georges Didi-Huberman, Être crâne.
Parfaitement
Évaginée, précisément hors l’exuvie (l’enveloppe des mots au lieu d’un au-dedans, qui est un au-delà), la chair du papier agit comme un hôte agacé accueillant le tracé de la plume ; et d’ailleurs le clavier, il semblerait qu’il claque des dents, mais c’est de la langue avant l’intervention du crâne ! Alors inversée, frontale et perforant la nuit corporelle, la moelle épinière est un éclair horizontal.
Bah !
Godard édulcorant Debord revu par Morisson ?
Des poètes en boîte
De mon humble POV, feinte auctoriale augmentée par les blancs « double épaisseur » ou non, avec 44 %, plus 1 après la virgule, de la surface du poème, si c’est une question de craduction qui s’est posée, était-elle aux antipodes de celle avancée par les « sprats » ?
‘you run across
life’s
stage
your words
are manacles
& cage
your mind’
Jerome Rothenberg, A Further Witness.
Sans vous en ombrager, permettez-moi, chère madame Martinez, cette approximative traduction :
« tu traverses
le théâtre de
la vie
tes mots
sont des menottes
& ta pensée
une prison »
Jerome Rothenberg, Nouveau témoin.
Pour relancer le balancier, ni situ, ni nouvelles créatures, Antécimaise est temporisé par une horloge – il s’agit d’un circuit imprimé qui dématérialise la sylve, et du chaos visuel entre le premier et la seconde advient un tourbillon ; au creux de ce tourbillon, il y a l’écart copulatif.